Poésie du caché

Un grand-père me tenait par la main

Tandis que nous marchions

Les grillons murmuraient le chant des étoiles

Nous foulions les branches de thym sous nos pieds

Puis il y eut des aiguilles de pin

Et la cime des arbres

Les vagues grossissaient imperceptibles

À mi-chemin du ciel

Avant les clins d'oeil de D-ieu

À l'intérieur de cette tombe

Vivants

Ta peine a été bien sévère

Salomon Molkho

Toi qui fus brûlé

Pour rester grand d'Espagne

Grandes étaient ton intelligence et ton imagination

Toi qui aurais aimé rencontrer un prince d'Arabie

Et gardais la mémoire de la prophétie

Quand, pour plus futile

Qui n'était comme toi parmi les puissants

Le temps est infini

Qui me sépare d'hier où je cessai de croire en quelque présent

Tandis que j'observe le quartier de lune parmi les étoiles

C'est seulement d'avoir manqué le bus et marché au soleil

Une histoire de planètes ou de mauvais homme

Qui a conclu en début de nuit qu'après tout

Je ne faisais que singer une écriture

En réalité profondément malade

Résistant aux pires événements maladies sur maladies

Mais qu'au fond je ne suis rien

Alors qu'est-ce que cela change

Ces acharnés n'en sont en rien capables

Finissant le jour avec la chair de mes jours sur les mains

Rien de plus

Je ne saurais dire si elle me rappelle

Cette actrice jordanienne

Ou une princesse persane cachée

Sacrée, aimée et forte 

Jeûnant, se battant, rêvant bien plus

Pour une Humanité sans elle sans mémoire

Je sais la splendeur de ses traits

- N'osant deviner son corps bâti avec patience -

Le doute dans lequel son souvenir s'est inscrit

Lorsque je lui ai dit que vivre seule

Causait une perte et une attente immenses

L'amour détaché de la beauté

La beauté du premier déliée

La vie divorcée de l'amour

Perdue dans son éternité

De matière cynique nouée

Coeur et mémoire

Voguant sur des cristaux de sable

Frissonnent affligés

L'âme est papillon de nuit

Qui volète et se cogne parfois

Entre ses propres murs étroits

Comme décline l'astre du soir

Sur le delta et ses miroirs

Il y a bien assez d'espace

Sous le vaste front clair

Qui emprunte fragile

De la haute libellule la grâce

Dans le scarabée d'or ramassé

La lisse nageuse d'argent

Ou le rude lucane Cassius Clay

Dans le mouvement lent

Des chenilles processionnaires

Futurs êtres lavés

De cette terre

Il y a bien assez de place

En l'escargot gigantesque du temps.

Maybe if Volodymyr and Vladimir

Heard today

The still small sound that covers the Earth

But is it the return of the prophecy of Jonas

Or the sweet voice of the Psalmist

This spring of the kingship of G.od

Would they crown

The end of our wars

Flood of wind and fire

Face to face with a pillar of cloud

By Rabbi Ralph Cohen / Breslev.co.il

Conclusion du chapitre « Jérusalem en ses imaginaires »

Par André Chouraqui