Cochons de végétaliens !

Publié le 26 Juillet 2009

  

Enfermé depuis bientôt 10 mois dans un box, je pense avoir accumulé (j’oserais presque dire ruminé) assez de réflexions pour en nourrir mes contemporains. Malgré une allure peu amène et la mode du bio, et en dépit d’un « bon sens » qui me prête tant de vices.

 

J’ai mauvaise réputation. Probablement du fait de mes rapports déplorables avec mes métayers. Je leur trouve le regard biaiseux et les soupçonne d’une moralité bien laxiste. Prenons l’exemple de cette piscine qu’il serait aisé d’installer dans la cour et d’entourer d’une allée de cyprès. Aucune nouvelle ! Ces gens-là n’ont pas la truielle facile. A supposer qu’ils ne me traitent pas tout simplement comme un malpropre…

 

Quand à ma morale, ce jeune couple, qui vit au crochet d’un ancêtre boucher, qui a lui-même fait fortune en épousant l'héritière d'une marque de steaks hachurés frauduleusement à l'encre de seiche, pense en connaisseurs.

 

Mais cessons de parler de moi. Soyons magnanime et disons deux ou trois mots, pour conclure, sur l’avenir de notre humanité.

 

J’éprouve une sympathie instinctive pour ceux dont la diététique exclut les aliments carnés, gras et salés. Ce type d’alimentation n’est pas anodin. Parce que rien ne l’est. Clarifions notre jus : rien de ce nous faisons n’est vide de sens. Et qui prête attention à chaque instant à ses actes prend parfois de l'avance dans d’autres choix moraux. Ne pas se livrer à la gloutonnerie obligerait en somme à une certaine vigilance. Ne pas faire couler le sang impunément et à tour de bras probablement aussi. Tout engage réflexion. Sans que ce soit pour le plaisir de se donner une discipline. Mais pour pouvoir tranquillement à nouveau se promener dans la rue sabot dessus-sabot dessous, et repartir travailler le cœur léger.

 

Je me demande même si certains carnivores ne pourraient pas dévorer leurs propres enfants ou la malheureuse tante Minnie. Mais on trouve aussi des herbivores infréquentables (prenez la girafe…) et des carnivores raisonnés (reprenez du percnopthère d’Egypte ou les omnivores que nous sommes vous et moi). Mais puisqu’il est question de la progéniture humaine, souvent pacifique, comment osent-ils leur imposer parfois un régime végétalien ? Mes gens ne peuvent vraiment pas s’empêcher de passer d’une bêtise à une autre ! D’abord la boucherie et ensuite le mouroir. Quand je vois ce pauvre gamin dans la cour de la ferme, je me dis : qu’il soit béni tout maigre et chevelu comme un sanglier qu’il est !

 

Et puis le végétalisme qu’est-ce au fond ? Un discrédit sur tous les honnêtes terriens qui préservent la vie à commencer par la leur ! Une insulte à l’intelligence, à la raison, et donc aux Lumières. C'est Mozart qu'on assassine une fois de plus, le malheureux. Un pavé dans la marre des mangeurs modérés. Ce serait comme de parler du réchauffement climatique à nos deux tourtereaux pour ne pas les affoler avec la jauge des combustibles fofissiles… Parce que le climat, après tout, il est aussi cyclique que tante Minnie (d'ailleurs, nous n'aurions pas le temps de le dérégler davantage lui non plus.) Et parce qu’il faudra bien nourrir tout le monde sans industrie des engrais ni transport des produits. 

 

Moralité : cessons d’écouter les sirènes sauf en cas d’incendie, mais là il faut tendre l’oreille vers l’avenir qui vient, ensemble, toi et moi, et j’en passe. Il y a des jours où je me fais des soies blanches…

Rédigé par C. Mazières

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